La passion et les métiers du livre - par Réju ROB

Dans le cadre de la Quinzaine de la librairie, les élèves de 2nde D sont allés à la rencontre des acteurs du livre.

"Libraire et écrivain, deux emplois dont les salaires ne permettent pas de vivre convenablement. Sont-ils pour autant des métiers rébarbatifs ? Émilie, jeune libraire, et Elitza Gueorguieva, jeune auteure, répondent à nos questions et brisent les idées reçues sur ces professions.

Le mardi 09 mai 2017, une classe de seconde du lycée Eugène Hénaff de Bagnolet a eu la chance de rencontrer une jeune auteure ainsi qu’une libraire à la librairie Les Pipelettes de Romainville. Cette rencontre fut pour ces jeunes élèves l’occasion de poser diverses questions qui leur ont permis de voir les livres, ainsi que les métiers qui les entourent, différemment.

Libraire : un métier de passion

« Être libraire, je pensais que c’était juste vendre des livres » assure un élève de seconde. Émilie tente de détruire ce stéréotype souvent ancré dans la tête des jeunes. Un libraire indépendant touche seulement 35% de remise sur un livre. En gagnant 800€/mois, si ce métier ne se résumait qu’à cela, peut-être aurait-elle changé de voie professionnelle depuis bien longtemps. Être libraire va bien plus loin que cela, c’est un métier de passion et de contact. Pour continuer à exercer ce métier dans une librairie indépendante, qui, rappelons-le, est en danger à cause des divers concurrents, il faut avoir un amour sans limite pour les livres. Il faut aimer le contact pour conseiller les lecteurs ou simplement pour échanger avec eux. Ainsi, des liens se créent entre le vendeur et le client ce qui n’est pas possible dans les grandes surfaces.

Cependant, bien que conseiller un livre soit l’un des meilleurs aspect du travail, cela n’est pas toujours facile. Lorsqu’il s’agit de jeunes lecteurs, la mission la plus difficile est parfois de « faire sortir l’idée que lire c’est chiant ». Il est également difficile de conseiller des livres à des personnes fermées d’esprit qui ne veulent pas sortir de leur zone de confort. Cependant les vendeuses ne se découragent pas et posent mille et une question pour proposer un livre susceptible de plaire au client. « Il ne faut pas avoir peur de prendre des livres au hasard pour essayer », rassure-t-elle.

Être vendeur dans une librairie indépendante présente des inconvénients tels que l’argent mais cela présente également pas mal d’avantages. Ainsi les vendeurs peuvent refuser de vendre un livre si cela ne convient pas à leurs idées. « Il y a des livres de droite ici car je pense que chacun est libre d’avoir son opinion politique cependant tout ce qui touche à l’extrême droite ne rentre pas ici ». Ils peuvent également mettre en avant les livres de leur choix. L’objectif d’Émilie n’est pas de vendre des livres célèbres mais plutôt des livres peu connus qui lui ont plu.

« Une libraire, contrairement à ce que vous pensez, ne passe pas sa journée assise derrière le comptoir à bavarder », affirme Émilie. Encore une fois, elle tente de nous enlever une fausse idée de la tête. La jeune femme dit arriver avant l’ouverture afin de traiter les mails concernant les commandes et de ranger les livres. Elle reçoit également les livraisons tout au long de la journée. Entre sélectionner les livres pour son commerce, gérer le stock, conseiller les lecteurs, on comprend qu’un libraire doit être polyvalent et que ses journées sont chargées.

Premier roman d’une jeune auteure

Elitza Gueorguieva, née en Bulgarie, est arrivée il y a une quinzaine d’année en France. Elle est cinéaste et auteure de deux documentaires. Parallèlement à ses activités cinématographiques, elle écrit. En 2016, elle publie son premier roman, Les cosmonautes ne font que passer , lu et apprécié par les jeunes secondes qu’elle a rencontrés. Dans ce magnifique livre on suit la vie d’une petite fille bulgare qui vit dans ce pays dirigé par l’URSS. A travers ses yeux, on voit comment la politique d’un pays façonne la vie, les pensées et l’avenir d’une enfant. On comprendra pas la suite que les idées se transforment avec un changement de régime politique, ici le mémorable passage d’une dictature communiste à un régime capitaliste.

La jeune auteure a toujours été intéressée par la littérature et a toujours aimé lire. L’histoire qu’elle nous raconte est dans son esprit depuis bien longtemps. Elitza Gueorguieva a voulu raconter à sa manière des événements très importants pour les Bulgares et pour elle. Ainsi, grâce à son style unique, elle mélange autobiographie, fiction et faits historiques en un seul roman.

Diplômée d’un master de création littéraire, elle affirme que l’écriture n’est pas innée, cela se travaille. Pour l’écriture de ce roman, le point le plus facile pour elle était de savoir où aller puisqu’elle avait déjà toute l’histoire en tête. Cependant il y a eu d’autres étapes un peu plus difficiles : elle a dû énormément se documenter pour rédiger certains événements historiques et avait du mal à rentrer dans les détails. Le défi le plus compliqué à relever fut pour elle d’écrire en français et non dans sa langue maternelle.
La jeune auteure avoue ne pas gagner énormément d’argent grâce à ce livre mais grâce à ces activités parallèles, elle s’en sort très bien.

La romancière encourage également les débutants à se lancer dans l’écriture s’ils le souhaitent et leur dit de ne pas se décourager à cause des commentaires négatifs. Ces critiques permettent de s’améliorer et font partie de la vie d’un écrivain.

Faut-il avoir peur de se diriger vers les métiers du livre ?

Bien que l’argent soit l’un des soucis des libraires et écrivains, il ne faut pas hésiter à se diriger vers ces voies si l’on est passionné par la littérature. Faire le choix entre une passion et un métier à gros salaire ne doit pas laisser de regret par la suite.
Pour les amoureux de la lecture, être libraire peut permettre de mettre en avant d’autres livres que ceux imposés par les publicités.

Pour ce qui est d’écrire, rappelons que très peu d’auteurs vivent de leur plume. L’écriture est avant tout une passion. Il ne faut pas écrire pour le succès. Si on a une soudaine envie de raconter un événement qui nous semble important, il ne faut pas hésiter à prendre sa plume comme l’a fait Elitza Gueorguieva.

Réju ROB, élève de 2GT D"